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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/308

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la lutte des classes en france

vagabonds qui voulaient exploiter les mines d’or californiennes, sans d’ailleurs se donner la peine de quitter Paris, étaient Bonaparte et sa table ronde perdue de dettes. Les trois millions accordés par l’Assemblée avaient été joyeusement dépensés ; il fallait remplir la caisse par un moyen ou par un autre. C’est en vain que Bonaparte avait ouvert une souscription nationale pour l’érection de soi-disant « cités ouvrières », en tête de laquelle il figurait pour une somme importante. Les bourgeois sans cœur attendirent avec méfiance qu’il ait payé ses actions. Comme ce paiement n’eut naturellement pas lieu, la spéculation sur les châteaux en Espagne socialistes tomba à plat. Les lingots d’or firent meilleure recette. Bonaparte et consorts ne, se contentèrent pas d’empocher la différence entre la valeur des lingots mis en lots et les sept millions reçus. Ils fabriquèrent de faux billets, ils émirent sous le même numéro, dix, quinze, jusqu’à vingt billets. C’était là une opération financière bien dans l’esprit de la société du 10 décembre ! L’Assemblée nationale n’avait plus maintenant en face d’elle le président fictif de la République : c’était le Bonaparte en chair et en os. Elle pouvait ici le prendre sur le fait, en conflit, non plus avec la constitution, mais avec le « Code pénal ». Si la Législative passa à l’ordre du jour, sur l’interpellation de Duprat, ce n’était pas seulement parce que la proposition de Girardin de se déclarer « satisfait » rappelait au « parti de l’ordre »