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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/310

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la lutte des classes en france

mai à la première division. Il provenait donc de Changarnier. Cet ordre commandait aux officiers, en cas d’émeute de ne pas ouvrir leurs rangs aux traîtres, de les fusiller sur-le-champ et de refuser à l’Assemblée nationale les troupes si elle les réquisitionnait.

Le 3 janvier 1851, le cabinet fut interpellé sur cet ordre du jour. Il demande pour examiner le fait d’abord trois mois, puis une semaine, enfin vingt-quatre heures de réflexion. L’Assemblée réclame une explication immédiate. Changarnier se lève et déclare que cet ordre du jour n’a jamais existé. Il ajoute qu’il se hâterait toujours d’obéir aux ordres de l’Assemblée et qu’en cas de conflit, elle pouvait compter sur lui. Elle accueille sa déclaration par des applaudissements inexprimables et lui décerne un vote de confiance. Elle abdique, elle décrète elle-même sa propre impuissance et la toute-puissance de l’armée en se plaçant sous la protection particulière d’un général. Le général s’illusionne en mettant à la disposition de l’Assemblée contre Bonaparte une puissance que ce dernier n’a fait que lui prêter. Il se flatte quand de son côté il attend une protection de ce Parlement, de ce protecteur qui a besoin lui-même d’être protégé. Mais Changarnier croit à la puissance mystérieuse dont la bourgeoisie l’a doué depuis le 29 janvier 1849. Il se croit un troisième pouvoir différent des deux autres. Il partage le sort de tous les héros ou plutôt des saints de cette époque dont la grandeur con-