sur Lyon et sur tout le midi de la France, le pays était à la veille d’une crise industrielle et commerciale, les fabricants de Roubaix avaient diminué la journée de travail, les prisonniers de Belle-Isle s’étaient révoltés, — il suffit qu’un simple Vaissé vint évoquer le spectre rouge pour que le « parti de l’ordre » rejetât la proposition sans discussion : elle aurait cependant conquis à l’Assemblée nationale une énorme popularité et obligé Bonaparte à se jeter de nouveau dans ses bras. Au lieu de laisser le pouvoir exécutif l’intimider par la perspective de nouveaux troubles, la Législative aurait dû bien plutôt donner un peu plus de champ à la lutte des classes pour se réserver un peu d’indépendance vis-à-vis de l’exécutif ; mais elle ne se sentait pas appelée à jouer avec le feu.
Cependant ce que l’on appelait le ministère de transition végéta jusqu’au milieu d’avril. Bonaparte fatigua, berna l’Assemblée en lui présentant constamment de nouvelles combinaisons. Tantôt il semblait vouloir constituer un ministère républicain avec Lamartine et Billault. Tantôt c’était un ministère parlementaire avec l’inévitable Odilon Barrot dont le nom n’est jamais absent dès qu’on parle de dupe. Tantôt un cabinet légitimiste avec Vatimesnil et Benoit d’Azy. Tantôt un orléaniste avec Malleville. Il maintenait ainsi tendues les relations entre les différentes fractions du « parti de l’ordre » et le effrayait toutes prises ensemble par la perspec-