se jette aux pieds de Henri V. Les chefs des légitimistes Berryer, Benoit d’Azy, Saint-Priest font un voyage à Claremont pour persuader les d’Orléans ; mais en vain. Les fusionistes s’aperçoivent trop tard que les intérêts des deux fractions de la bourgeoisie ne perdent rien de leur exclusivisme, ne gagnent rien en revêtant le caractère aigu d’intérêts de famille, d’intérêts de deux maisons royales. Si Henri V venait à reconnaître le comte de Paris pour son successeur — et c’était le seul bénéfice que la fusion pût rapporter dans l’hypothèse la plus favorable — la maison d’Orléans ne recueillait aucun avantage que la stérilité de Henri V ne lui eût par avance assuré. Elle perdait par contre tous les bénéfices que lui avait conquis la révolution de Juillet. Elle renonçait à ses revendications premières, à tous les titres arrachés à l’ancienne branche des Bourbons durant une lutte presque séculaire, elle troquait sa prérogative historique, la prérogative qu’elle devait à un arbre généalogique. La fusion se réduisait donc à une abdication volontaire de la maison d’Orléans. Elle se résignait à la légitimité et sortait du protestantisme politique pour rentrer avec repentance dans le catholicisme politique. Ce retour ne la replaçait pas sur le trône qu’elle avait perdu, mais sur les marches du trône où elle était née. Les anciens ministres orléanistes, Guizot, Duchâtel, etc., qui se hâtaient vers Claremont pour défendre la cause de la fusion ne représentaient en
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