partisans se répètent journellement ce que ce chartreux disait à l’avare qui lui énumérait fastueusement les biens que des années n’auraient suffi à dissiper : « Tu fai conto sopra i beni, besogna prima far il conto sopra gli anni. » Pour ne pas se tromper dans le compte des années, ils calculaient par minutes. A la cour, dans les ministères, à la tête de l’administration et de l’armée, se presse une masse d’individus dont on peut dire du meilleur qu’on ne sait d’où il sort, une « Bohême » bruyante, mal famée, pillarde, qui rampe dans ses habits chamarrés avec autant de dignité que les hauts dignitaires de Soulouque. On peut se représenter cette sphère supérieure de la société du 10 décembre quand on saura que Véron-Crevel était son moraliste, et Granier de Cassagnac son penseur. Quand Guizot, à l’époque de son ministère, employait ce Granier dans une petite feuille pour lutter contre l’opposition dynastique, il avait coutume de le glorifier de la façon suivante : « C’est le roi des drôles. » On aurait tort de rappeler la Régence ou Louis XV à propos de la cour et de la suite de Bonaparte, car « la France a déjà souvent vécu sous un gouvernement de maîtresses, mais jamais sous un gouvernement « d’hommes entretenus ».
Pressé par les exigences contradictoires de sa situation, se trouvant comme un escamoteur dans la nécessité de tenir fixés sur lui par une surprise continuelle les yeux des spectateurs pour leur