présidence pour un décennat, c’est-à-dire pour dix mois, Barrot exagéra la tyrannie exercée par le tyran sur cette misérable Assemblée. Le plus doux de ses mots fut que « pour elle, il n’y avait plus d’avenir possible ». Et, en réalité, elle ne représentait que le passé. « Elle était incapable », ajoutait-il ironiquement, « d’entourer la République des institutions indispensables à son affermissement. » Et c’était vrai. Toute son énergie était tombée dès qu’elle avait eu terminé la lutte menée par elle uniquement contre le prolétariat. D’un autre côté, son exaltation républicaine s’était éteinte en même temps que son opposition aux menées royalistes. Elle était donc doublement incapable d’affermir la République bourgeoise qu’elle ne comprenait plus en la dotant des institutions convenables.
En même temps que la proposition Rateau, le ministère déchaîna un ouragan de pétition dans tout le pays, et, tous les jours, de tous les coins de la France, des ballots de « billets doux » étaient jetés à la face de la Constituante. On la priait, plus ou moins catégoriquement, de se dissoudre et de faire son testament. La Constituante, de son côté, faisait naître des contre-pétitions où elle se laissait donner l’ordre de rester en vie. La lutte électorale entre Cavaignac et Bonaparte se renouvela sous la forme d’une lutte de pétition pour et contre la dissolution de l’Assemblée nationale. Les pétitions devaient être le commentaire supplémen-