Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/20

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on peut dire, presque exclusivement à la propagande parmi les ouvriers. Dans ce cas, Marx aurait certainement accordé l’ancien exposé datant de 1849 avec son nouveau point de vue, et je suis sûr d’agir dans son esprit en procédant pour cette édition aux quelques changements et adjonctions qui sont nécessaires pour atteindre ce but sur tous les points essentiels. Je dis donc à l’avance au lecteur : voici la brochure non point telle que Marx l’a rédigée en 1849, mais approximativement telle qu’il l’aurait écrite en 1891. Au reste, le texte véritable est diffusé en un nombre si considérable d’exemplaires qu’il permet d’attendre que je puisse le réimprimer plus tard ne varietur dans une édition des Œuvres complètes[1].

Mes modifications tournent toutes autour d’un seul point. D’après l’original, c’est son travail que l’ouvrier vend au capitaliste pour le salaire ; d’après le texte actuel, il vend sa force de travail. Je dois m’expliquer sur ce changement. Je dois des explications aux ouvriers, afin qu’ils voient qu’il ne s’agit pas d’une simple querelle de mots, mais au contraire d’un des points les plus importants de toute l’économie politique. Je dois ces explications aux bourgeois afin qu’ils puissent se convaincre que les ouvriers sans instruction auxquels on peut facilement faire comprendre les développements économiques les plus difficiles sont infiniment supérieurs à nos gens « cultivés » et arrogants pour lesquels des questions aussi complexes restent des énigmes leur vie durant.

L’économie politique classique emprunte à la pratique industrielle cette idée courante chez le fabricant qu’il achète et qu’il paie le travail de ses ouvriers. Cette idée avait été parfaitement suffisante pour les besoins de l’affaire, la comptabilité et le calcul des prix du fabri-

  1. Publié actuellement dans la Reclams Universalbibliothek, n° 6068-6069.