Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/50

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modestes. Et au cours de la civilisation elle peut s’agrandir tant qu’elle veut, si le palais voisin grandit aussi vite ou même dans de plus grandes proportions, celui qui habite la maison relativement petite se sentira de plus en plus mal à l’aise, mécontent, à l’étroit entre ses quatre murs.

Une augmentation sensible du salaire suppose un accroissement rapide du capital productif. L’accroissement rapide du capital productif entraîne une croissance aussi rapide de la richesse, du luxe, des besoins et des plaisirs sociaux. Donc, bien que les plaisirs de l’ouvrier se soient accrus, la satisfaction sociale qu’ils procurent a diminué, comparativement aux plaisirs accrus du capitaliste qui sont inaccessibles à l’ouvrier, comparativement au stade de développement de la société en général. Nos besoins et nos plaisirs ont leur source dans la société ; nous les mesurons, par conséquent, à la société ; nous ne les mesurons pas aux objets de notre satisfaction. Comme ils sont de nature sociale, ils sont de nature relative.

Le salaire n’est donc pas déterminé en général seulement par la masse de marchandises que je peux obtenir en échange. Il renferme divers rapports.

Ce que les ouvriers reçoivent tout d’abord pour leur force de travail, c’est une somme d’argent déterminée. Le salaire n’est-il déterminé que par ce prix en argent ?

Au XVIe : siècle, l’or et l’argent en circulation en Europe augmentèrent par suite de la découverte en Amérique de mines plus riches et plus faciles à exploiter. De ce fait, la valeur de l’or et de l’argent baissa par rapport aux autres marchandises. Les ouvriers continuèrent à recevoir la même masse d’argent monnayée pour leur force de travail. Le prix en argent de leur travail resta le même, et cependant leur salaire avait baissé, car en échange de la même quantité d’argent ils recevaient une somme moindre d’autres marchandises. Ce fut une des circonstances qui favorisèrent l’accroissement du capital, l’essor de la bourgeoisie au XVIe : siècle.

Prenons un autre cas. Dans l’hiver de 1847, les produits alimentaires les plus indispensables, le blé, la viande, le beurre, le fromage, etc., par suite d’une mauvaise récolte,