Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/51

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avaient considérablement augmenté de prix. Supposons que les ouvriers aient continué à recevoir la même somme d’argent pour leur force de travail. Leur salaire n’avait-il pas baissé ? Mais si. Pour la même somme d’argent, ils recevaient en échange moins de pain, de viande, etc. Leur salaire avait baissé non point parce que la valeur de l’argent avait diminué, mais parce que la valeur des moyens de subsistance avait augmenté.

Supposons enfin que le prix en argent du travail reste le même alors que tous les produits agricoles et manufacturés ont baissé de prix par suite de l’emploi de nouvelles machines, d’une saison plus favorable, etc. Pour la même quantité d’argent, les ouvriers peuvent alors acheter plus de marchandises de toute sorte. Donc leur salaire a augmenté, précisément parce que la valeur en argent de celui-ci n’a pas changé.

Donc, le prix en argent du travail, le salaire nominal ne coïncide pas avec le salaire réel, c’est-à-dire avec la quantité de marchandises qui est réellement donnée en échange du salaire. Donc, lorsque nous parlons de hausse ou de baisse du salaire, nous ne devons pas seulement considérer le prix en argent du travail, le salaire nominal.

Mais ni le salaire nominal, c’est-à-dire la somme d’argent pour laquelle l’ouvrier se vend au capitaliste, ni le salaire réel, c’est-à-dire la quantité de marchandises qu’il peut acheter avec cet argent n’épuisent les rapports contenus dans le salaire.

Le salaire est encore déterminé avant tout par son rapport avec le gain, avec le profit du capitaliste — le salaire relatif, proportionnel.

Le salaire réel exprime le prix du travail relativement au prix des autres marchandises, le salaire relatif, par contre, la part du travail immédiat à la nouvelle valeur qu’il a créée par rapport à la part qui en revient au travail accumulé, au capital.

Nous disions plus haut page 29 : « Le salaire n’est donc pas une part de l’ouvrier à la marchandise qu’il produit. Le salaire est la partie d’une marchandise déjà existante avec laquelle le capitaliste achète une quantité déterminée de