Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/52

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force de travail productive. » Mais ce salaire, il faut que le capitaliste le retrouve dans le prix auquel il vend le produit fabriqué par l’ouvrier ; il faut qu’il le retrouve de façon qu’en règle générale il lui reste encore un excédent sur ses frais de production engagés, un profit. Le prix de vente de la marchandise produite par l’ouvrier se divise pour le capitaliste en trois parties : premièrement le remplacement du prix des matières premières qu’il a avancées ainsi que le remplacement de l’usure des instruments, machines et autres moyens de travail qu’il a également avancés ; deuxièmement le remplacement du salaire qu’il a avancé ; et troisièmement ce qui est en excédent, le profit du capitaliste. Alors que la première partie ne remplace que des valeurs qui existaient auparavant, il est clair que le remplacement du salaire tout comme le profit excédentaire du capitaliste proviennent, somme toute, de la nouvelle valeur créée par le travail de l’ouvrier et ajoutée aux matières premières. Et c’est dans ce sens que nous pouvons considérer aussi bien le salaire que le profit, quand nous les comparons ensemble, comme des parts du produit de l’ouvrier.

Que le salaire réel reste le même, qu’il augmente même, le salaire relatif n’en peut pas moins baisser, Supposons par exemple que tous les moyens de subsistance aient baissé de prix des 2/3, alors que le salaire journalier ne baisse que d’un tiers, c’est-à-dire tombe, par exemple, de 3 francs à 2 francs. Bien que l’ouvrier avec ses deux francs dispose d’une plus grande quantité de marchandises qu’auparavant avec 3 francs, son salaire a cependant diminué par rapport au bénéfice du capitaliste. Le profit du capitaliste (par exemple du fabricant) a augmenté d’un franc, c’est-à-dire, que pour une somme moindre de valeurs d’échange qu’il paie à l’ouvrier, il faut que l’ouvrier produise une plus grande quantité de valeurs d’échange qu’auparavant. La part du capital proportionnellement à la part du travail s’est accrue. La répartition de la richesse sociale entre Île capital et le travail est devenue encore plus inégale. Le capitaliste commande avec le même capital une quantité plus grande de travail. La puissance de la classe capitaliste sur la classe ouvrière a grandi, la situation sociale de l’ou-