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Page:Mary - Roger-la-Honte, 1887.djvu/20

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Doucement, il s’éloigne, le pas assourdi par le tapis épais.

En face de celle de sa femme et de l’autre côté du salon, est sa chambre. Il entre. Tout bruit cesse. Tout semble dormir.

Il y a un quart d’heure, elles étaient toutes deux au balcon, heureuses, impatientes de revoir Roger. Et depuis ! En un quart d’heure, trois vies bouleversées !…

Minuit sonne… l’heure lugubre… l’heure des crimes… puis le quart, la demie, puis une heure du matin… Elles sont là, toutes deux, dans un coin, toujours enlacées…

Henriette étend Suzanne tout habillée dans son lit, jette sur elle une couverture… Mille pensées folles bouillonnent dans son cerveau… Que faire ? Roger assassin ! Que va-t-elle devenir ?… si elle fuyait avec Suzanne ? Mais fuir, c’était accuser, ou du moins c’était éveiller les soupçons !… Impossible… Sa vie était là, auprès de cet homme !…

Cet homme, hier idolâtré, maintenant un monstre !… Henriette s’approche doucement du lit et regarde Suzanne. L’enfant a les yeux fermés. Henriette s’imagine qu’elle dort…

– Tant mieux, murmura-t-elle. Mon Dieu, veillez sur cette innocente !…

Elle entrouvre doucement sa porte. Elle écoute. Rien. Nul bruit. Elle pénètre dans le salon et fait quelques pas.

Soudain, elle s’arrête et s’accroupit derrière le piano… C’est que la porte de la chambre de Roger est grande ouverte… Une lampe est allumée sur un bureau plat, et Laroque, assis, pensif et pâle, a la tête appuyée sur les deux mains… Le chapeau gris, à ruban noir, qu’elle a vu rouler