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Page:Mary - Roger-la-Honte, 1887.djvu/34

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d’animation si j’étais complice du crime. Il est une juste mesure que je vous prie de ne pas dépasser… Je vous ai dit ce que je devais vous dire… Vos questions et vos insinuations me fatiguent et m’humilient. S’il vous plaît, restons-en là !

– Je cherche à m’éclairer, Madame, dit Lacroix avec beaucoup de douceur, et à m’entourer de tous les témoignages qui peuvent former ma conviction. Vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même de mon insistance. Et vous me rendrez justice en reconnaissant que je ne me suis pas écarté des bornes du plus profond respect… Aussi bien, depuis quelques minutes, je m’aperçois que vous paraissiez profondément émue…

– Moi, Monsieur ?… Mais non, fatiguée… rien de plus…

Il salua froidement, mais avec politesse. Il est parti et, dans le salon, Henriette, debout, reste immobile, la tête baissée. Comment échapper à cette menace incessante de la justice qui va peser sur elle ? Car bientôt on la pressera de questions… On se doutera peut-être qu’elle a été témoin du meurtre. On exigera qu’elle parle… On l’entourera de pièges. Elle vivra au milieu de perpétuelles angoisses.

Oui, sans doute, les ruses elle les déjouera, les pièges elle les évitera ; mais en sera-t-il de même de Suzanne ?…

L’enfant, si on la sépare à dessein de sa mère, résistera-t-elle aux obsessions, aux menaces, aux prières, aux mensonges ? Ce n’est qu’une enfant !… Elle hésitera, se troublera, elle pleurera, elle parlera peut-être. Et, chose abominable, ce sera pour accuser son père !