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Page:Mary - Roger-la-Honte, 1887.djvu/36

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— Non Courez, courez… Ramenez-la-moi…, ne perdez pas une minute… Cherchez-la dans le village… Elle ne peut être loin… Le cocher redescendit.

—Ah Dieu n’est pas avec nous, murmura Henriette.

Une demi-heure se passa, puis une heure.

Rien.

Elle n’osait plus, se mettre au balcon, car chaque fois qu’elle s’approchait de la fenêtre, son regard, machinalement, allait découvrir là-bas, dans la petite chambre meublée d’acajou, les pieds de Larouette, sous la table.

— Pour là seconde fois, le cocher revint.

Henriette, haletante, n’osait l’interroger… Elle attendait.

Puisque Victoire ne l’accompagnait pas, c’est qu’il ne l’avait pas retrouvée…

Et chaque minute qui retardait le retour de la femme de chambre enlevait à Mme Laroque, une espérance.

— Je ne ramène pas Victoire, dit le cocher, mais je sais où elle est.

— Ah !

— On l’a vue entrer à la mairie, dans le bureau où s’est installé le commissaire de police et… elle doit en avoir long à dire, car il y a de cela plus d’une heure, et elle y est encore !

— C’est bien, dit Henriette d'une voix faible, je l’attendrai…

Le cocher se retira. Henriette tomba, accablée dans un fauteuil. Les événements se précipitaient. Quelques heures à peine la séparaient du crime, et elle voyait Roger perdu. Alors, pour la première fois, elle pleura.

Suzanne, avec son intelligence précoce, brusquement développée, pénétrait jusqu’au fond de la douleur de là mère.

— Ne pleure pas, dit-elle, je t’aime tant !

Et elle grimpa sur les genoux d’Henriette et l’embrassa avec une tendresse infinie.

Mais les larmes de la mère redoublaient et tombaient une à une, brûlantes et pressées, sur le front de sa fille, comme une rosée fatale qui allait faire naître et grandir bien des désespoirs et bien des sacrifices.


II

M. Lacroix était à la mairie quand Victoire entra. Il venait de télégraphier au parquet de Versailles.