Page:Mary Summer - Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, 1874.djvu/149

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la cour ; les femmes surtout, avec leur organisation nerveuse, furent vivement frappées. Devant ce lit funèbre, qui montrait si bien la vanité des grandeurs humaines, Gôpâ sentit s’évanouir l’égoïsme de son chagrin ; la présence de Sâkya n’éveilla plus en elle les mêmes sentiments ; le mari et l’amant disparurent ; elle ne vit plus qu’un guide spirituel, dont les exhortations ranimèrent son esprit abattu. La princesse s’oublia pour consoler sa belle-mère Gautamî, et ces cœurs blessés, unis dans une même douleur, tournèrent leurs pensées vers le cloître.

Le monde est sans charmes pour ceux auxquels il ne promet plus de bonheur.

L’exemple des deux princesses devait être contagieux : cinq cents femmes des plus illustres familles Sâkyas voulurent aussi entrer en religion. Ce fut une pieuse folie, comme celle qui s’empara, un peu plus tard, des grandes dames de Rome. Depuis la fiancée que regrettait Ananda, jusqu’à la jeune fille abandonnée par Nanda, les plus riches, les plus belles aspiraient à être pauvres, et, ce qui est bien plus méritoire, à s’enlaidir. Aussi passionnées pour le renoncement qu’elles l’avaient été pour la coquetterie, elles coupèrent leur chevelure. Gôpâ les avait