Page:Mary Summer - Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, 1874.djvu/66

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d’un rêve agité ; le fard détrempé coule sur leurs joues, et leurs visages apparaissent décolorés ; leurs pieds sont meurtris, leurs yeux contournés ; leur corps nu se montre sans aucun artifice. Sont-ce là ces almées tout à l’heure si vives et si légères ? ce n’est plus un sérail, c’est un charnier.

Plein de dégoût, le prince se lève, et, se dirigeant vers un œil-de-bœuf, il aperçoit dans les nuages les dieux qui ne laissent voir que la moitié de leur corps. Ils lui font des signes d’intelligence, et semblent attendre un grand événement. Siddhârtha est aussi inébranlable dans ses résolutions que le mont Mérou[1] sur sa base. Il appelle son écuyer, et lui ordonne de seller Kantaka, le meilleur coursier des écuries royales.

Tchandaka hasarde quelques timides représentations : « Quelle fantaisie s’empare de mon maître ? passe encore lorsqu’il aura vieilli, d’aller dans la forêt vivre comme un ascète ; mais sa chevelure est noire, son visage est gracieux ; il est puissant et aimé, pourquoi repousser le plaisir qui lui tend les bras ? »

Ce beau discours n’obtient qu’une réponse sévère et le courtisan se résigne à obéir aux ordres qu’il a reçus.

  1. V. l’Index.