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Je ne remonterai point aux annales reculées de l’antiquité, pour tracer un récit historique de l’état de la Femme dans les différens siècles ; il suffit de dire qu’elle a toujours été esclave ou tyran, et que ces deux positions sont également contraires au progrès de la raison. J’ai toujours cru que la grande source de l’extravagance et des vices des Femmes, provenoit du retrécissement de leur esprit, et tous les gouvernemens semblent s’être attachés à mettre des obstacles presque insurmontables à la culture de leur intelligence ; cependant il n’est pas d’autre base sur laquelle on puisse établir la vertu : les mêmes obstacles entravent le riche, et les conséquences en sont les mêmes.

On dit proverbialement que la nécessité est la mère de l’invention ; cette maxime peut s’étendre à la vertu : c’est une acquisition et une acquisition à laquelle il faut sacrifier le plaisir ; est-on capable de ce sacrifice quand on est dans un étau ? quand l’esprit n’a été ni ouvert, ni renforcé par l’adversité ? quand la nécessité ne nous a pas aiguillonnés à acquérir des connoissances ? il est heureux que les soins