Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(176)

cependant la poursuite inquiette du bien que chacun se peint à sa manière, proclame l’homme souverain de ce bas monde, et le désigne pour une créature intelligente, faite pour acquérir et non pour recevoir le bonheur. Ceux donc qui se plaignent des mensonges des passions, ne font pas attention qu’ils déclament contre la preuve la plus frappante de l’immortalité de l’ame.

Mais laissons les esprits supérieurs se corriger eux-mêmes et payer chèrement le fruit de leur expérience : il est bon d’observer que ce n’est pas de la force persévérante des passions, mais de la fluctuation romanesque des sentimens que je désire préserver les cœurs des Femmes, en exerçant leur intelligence ; car ces réveries enchanteresses sont bien plus souvent l’effet de l’oisiveté que de la vivacité de l’imagination.

Les Femmes ont rarement assez d’occupations sérieuses pour se distraire de leurs sentimens. Toute la force de leur esprit et de leurs organes s’éparpille sur un cercle de petits soins et de vains projets ; en un mot, l’ensemble de l’éducation des