Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/21

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— C’est la maison, dit Pierre, et il marcha moins vite,
Puis quand il fut au seuil : « Nadine, je vous quitte »,
Dit-il.
___— Non, reprit-elle, on ne part pas ainsi ;
Vous allez un instant vous reposer ici :
Ma tante m’en voudrait, vous sachant à sa porte,
De vous avoir laissé me quitter de la sorte.
Et puis…
_____Au même instant, au son de cette voix
Une femme accourut.
____________— Ah ! mon enfant, c’est toi !
S’écria-t-elle. Entre, entre donc, monsieur Pierre ;
À rester au dehors le temps n’invite guère !
Le jeune homme obéit sans trop se récrier.
— J’ai bien eu peur, dit-elle, et n’ai fait que prier
Pour que le bon Dieu mît son ange sur la route ;
Et puisque vous voilà, c’est qu’il le mit, sans doute.
Ah ! Nadine, je sais que tu fuis le logis
Pour aller consoler les pauvres, tes amis,
Et sécher à leurs yeux la tristesse des larmes,
Mais tu me causes bien quelquefois des alarmes !

— Ne me gronde pas, dit Nadine en l’embrassant,
Car la bonté que j’ai, vous m’en fîtes présent.
Vous m’avez recueillie à cette heure où ma mère
Pour les chemins du ciel quittait la vie amère
Et c’est par vos leçons que j’ai su la douceur
D’aimer ceux qui soufraient comme on aime une sœur.



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