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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/23

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Pierre est un brave enfant, il aime à travailler
Et tous deux de bonheur fleuriront leur demeure. »
Et son regard sourit à l’espoir qui l’effleure
Comme un vent du matin sur le front des épis.

Tandis qu’elle songeait, Pierre, toujours épris,
Écoutait gazouiller les lèvres de Nadine,
Il riait avec elle, et leurs voix argentines
Comme un ruisseau jaseur, coulaient en perles d’or
Mais l’amour dans les mots n’osait parler encor,
Pierre alors se leva.
____________— Il faut que je vous quitte,
Dit-il, la nuit s’enfuit. Comme le temps va vite
Auprès de vous, Nadine, et comme je voudrais
Que l’heure s’arrêtât de courir désormais !

— Les heures reviendront, dit Nadine pensive,
Chacune a son bonheur, et sur toute la rive
Les flots en descendant apportent leurs chansons. »
Elle conduisit Pierre au seuil de la maison
Et lui donnant la main : « Bonne nuit ! lui dit-elle,
Et sur la route obscure ouvrez bien la prunelle. »
Et comme il s’éloignait, elle écouta le pas
Qui s’éteignait dans l’ombre et, debout sur le pas,
Elle sonda la nuit où mourait la tempête
Et n’entendant plus rien, elle pencha la tête.

Ah ! Nadine, dis-moi, sur quel océan bleu
Vogue l’esquif léger de ton rêve amoureux ?



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