Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dont les rumeurs disaient que des yeux s’étaient clos,
Fermés à tout jamais dans l’éternel repos.
Nadine accompagna le funèbre cortège
Qui cheminait en paix par les sentiers de neige
Qu’avril avait semée à l’entour des pommiers.
Elle resta longtemps sur la tombe à prier
Et, chaque jour, quand l’aube avait baigné de perles
Les lilas frissonnant de la chanson des merles,
Allant au cimetière où s’étageaient au fond
Les maisons, les coteaux couverts d’un voile blond,
Elle posait près de la croix, entre les herbes
Des fleurs de son jardin une fidèle gerbe.
Quand venait le dimanche aux pieuses candeurs,
Belle comme les lys aux robes de blancheur,
Nadine retirait de l’armoire de chêne
Ses modestes bijoux : la médaille et la chaîne
Qui venaient de sa mère et les mettait au cou,
Puis, ajustant sa coiffe où quelques cheveux fous
S’échappaient en fils bruns ainsi que des brindilles
S’éparpillent aux bords des nids, la jeune fille
Prenait dans le placard le missel à fermoirs
Et partait vers l’église aux parfums d’encensoir.
Tandis qu’elle marchait avec sa vieille tante
Appuyée à son bras, les cloches palpitantes
Bondissaient à l’appel des gars endimanchés
Qui à longs coups de bras, sous le porche penchés,



27