Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/30

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Tiraient jusqu’au parvis les cordes frémissantes.
Dans l’église de paix, sa tête adolescente
Se courbait sur son livre ainsi que les roseaux
Au souffle des printemps se penchent sur les eaux.
Mais lorsque, du jubé, les mots jetés par Pierre
Chantaient sur tous les fronts leur ardente prière,
Comme un flux balançant de la nef à l’autel
Des fois et des espoirs le murmure éternel,
Alors, fermant le livre et ses yeux pour l’entendre
Cette voix lui semblait du paradis descendre.


Les semaines passaient sans tumulte et sans bruit
Comme des clairs de lune au seuil des pâles nuits.
Toujours tournait gaîment au moulin
la Rilette
La roue éclaboussant de l’or en gouttelettes
Et rythmant, comme un cœur, son tic-tac cristallin.
Et l’on voyait aller dans la cour du moulin
Maître Piquin comptant de ses gros sacs la somme
Rangés contre le mur ainsi que des bonshommes
De neige, tandis que son fils Pierre attelait
Au chariot poussiéreux Bayard, le cheval bai
Qui, d’un pas régulier, menait au voisinage
La farine et le son. On voyait l’équipage
Disparaître bientôt derrière les sapins
Dont les mains se joignaient par-dessus le chemin
Dans l’ombre où mille nids trépignaient de leurs ailes.
Alors, maman Piquin, d’une main maternelle,



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