Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/31

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Montrait avec orgueil son garçon au meunier
Et disait :
_______— Il est temps de songer à marier
Notre gars. Il faudra qu’on lui cherche une épouse
Puisqu’il n’y songe pas ; à moins qu’on ne l’y pousse.
Sais-tu qu’à la Saint-Jean il aura vingt-trois ans ?
Vois comme il est bâti ! C’est un homme à présent !

— Femme, dit le meunier, ne sois pas inquiète :
L’oiseau vole à son nid, l’eau vient sur la palette,
Le blé court à la meule, et jeunesse à l’amour ;
Notre fils y viendra, comme nous, à son tour.

— C’est vrai, reprit la mère, on va où ça nous pousse
Et souvent sans qu’on aille y aider de son pouce,
Mais la bonne farine est fille de bon grain
Or c’est dans ce sac-là qu’il faut plonger la main
Pour que Pierre ait la femme à tenir son ménage.

— Bah ! repartit maître Piquin, en homme sage
Il ira aux écus. N’est-il pas riche, lui ?
Voyons, nous lui donnons le verger et ses fruits,
Deux prés, nous ajoutons les huit blanches génisses,
Sans parler du moulin dont tout le bénéfice
Lui reviendra plus tard. Va, le fermier Mathot
En lui faisant l’œil doux n’est certes pas un sot !

— Tu as raison, le père, on a de l’expérience
Mais jeunesse aujourd’hui n’a point même prudence



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