Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/38

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Palpite dans le vent, c’est ton pas que j’écoute ;
Et quand l’aube blanchit les parvis de la route
Ou lorsque le soleil rougit le seuil du soir,
C’est ton front, c’est ta joue, alors, que je crois voir.
Et quand les astres d’or percent la voûte sombre,
C’est encor ton regard que je cherche dans l’ombre.
Ah ! les longs jours d’attente et les nuits sans sommeil !
Si les chemins parlaient à des sources pareils,
Ils te diraient un nom que les fleurs entendirent
Quand l’aurore surgit ou que le soir expire ;
Et c’est pourquoi, sans toi, il n’est plus de bonheur ;
Ma vie est dans tes mains. Tu fus plus qu’une sœur,
Maintenant, le veux-tu, tu seras mon épouse ?

En entendant couler si plaintives, si douces,
Les paroles d’amour, Nadine regardait
Vaguement les taillis profonds de la forêt ;
Mais, plus près de son œil, passaient enchanteresses
De molles visions aux candides jeunesses
Glissant sur des chemins de roses et de lys
Comme des barques d’or sur des flots de rubis
Et tendant à sa lèvre une coupe profonde
Où le bonheur tremblait comme à la brise l’onde.

— Pierre, répondit-elle, il est bien mal à vous
De me parler ainsi. Vous ? devenir l’époux
D’une fille sans dot ? Tant d’autres ont richesse
Et beauté plus que moi. Voyez comme on s’empresse



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