Aller au contenu

Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un beau-père cossu !… Va donc voir ses étables,
Ses greniers et ses champs !… Et une fille aimable !
C’est-il à dédaigner ?… Eh bien ! tu ne dis rien ?

Pierre était à son rêve ; il répondit :
____________________________— C’est bien !
Le fermier est fort riche ; aussi sa demoiselle
Est-elle une coquette, elle aime les dentelles
Ainsi qu’une princesse, elle est savante aussi ;
C’est trop pour un meunier comme il en faut ici.

— Tu trouves que c’est trop ? Comment donc peux-tu dire ?
Mais tu ne songes pas qu’elle pourra t’instruire,
T’éduquer, te hausser, te faire député ?
Vois moi ; si j’étais savant, serais-je resté
Tous les jours de ma vie à moudre la farine ?
Ne comprends-tu donc pas à quoi je te destine ?
La fortune te rit, tu hésites au seuil,
Et ton cœur ne ressent ni bonheur, ni orgueil ?

— Pourquoi donc, reprit Pierre, atteindre à ces rivages ?
Serai-je plus heureux ? et n’est-il pas plus sage
De vivre comme vous en ce bon vieux moulin
Dont la palette s’use à moudre du bon grain ?
Je serai, comme vous, l’âme de ce domaine,
Je réglerai la meule et la chanson sereine
Des aubes de la roue, et, dimanche arrivant,
Après vêpres j’irai m’asseoir au
Cheval blanc



50