Aller au contenu

Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Parmi les paysans dans le soir doux et tiède.
À la maison j’aurai une femme qui m’aide,
Diligente à la tâche, aux paroles de miel,
Qui sera le rayon de mon tout petit ciel…
Et en parlant ainsi il songeait à Nadine.

— Sache que du moment la fortune est cousine,
Interrompit le père. On te l’offre, prends-la.
Pourquoi tarderais-tu ? Le parti que voilà
T’aligne sans compter des écus sur la table,
Et ton oreille est sourde à ce bruit délectable !
Allons, écoute-moi, je suis un fin renard :
Commence à cultiver ta belle sans retard,
L’amour suivra bientôt.
L’amour suivra bientôt.— Non, lui répondit Pierre,
J’aime mieux réfléchir.
J’aime mieux réfléchir.— Que dis-tu ? fit le père.
— Je n’irai pas chez elle, et n’y puis pas aller.

— Ah, ça ! dit le meunier, serais-tu enjôlé,
Ainsi qu’on me l’a dit, par cette mijaurée
Qui se nomme Nadine ? Ah ! vraiment, la madrée !
Sur les plus beaux partis jeter son dévolu !
L’aguicheuse de gars ! Elle serait ma bru ?
Mais où donc voudrais-tu que je cache ma honte ?

— Père, dit le jeune homme, à ce que l’on vous conte
Ne prêtez pas l’oreille et ne vous fâchez point.
Nadine est toute bonne, et les gens le sont moins



51