Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/56

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C’était l’image de Nadine. Elle venait
Au seuil de sa douleur, à pas menus, discrets,
Tendre avec ses deux bras le baiser d’un sourire ;
Elle approche, elle est là, et doucement l’attire…
Pierre se sent vaillant. « Je partirai, dit-il,
Puisqu’il le faut ainsi. Mais qu’importe l’exil ?
Je souffrirai pour elle, et si dans la souffrance
Doit fleurir mon bonheur, il aura l’espérance
Pour lui montrer le but. »
Pour lui montrer le but. » Alors il prépara
Ses hardes de voyage, au mur il retira
Les objets familiers et regardant la chambre
Aux murs silencieux dans ce froid de décembre,
Il se sentit plongé dans un tombeau profond.

Plus pâle et plus blafard, ainsi qu’un moribond,
Le matin se leva. La tempête apaisée
Avait gravé ses fleurs de gel à la croisée.
Pierre était résolu. Il eût voulu partir
Tandis que la maison semblait encor dormir,
Sans adieu, comme s’il quittait quelque inconnue.

Mais sa mère était là, à sa porte venue.
Le voyant équipé, elle comprit alors
Que, son fis s’en allant, c’était comme la mort
Qui entrait à sa place :
Qui entrait à sa place :— Tu reviendras ? dit-elle
Le serrant dans ses bras ; maintenant je suis telle



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