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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/61

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Et Nadine disait :
Et Nadine disait : — Ami, vois les oiseaux,
Ils cherchent quelques grains comme nos cœurs jumeaux
Le bonheur sans le trouver.
Le bonheur sans le trouver.— oui, répondait Pierre,
Mais quand refleuriront bourgeons et primevères
Ils vogueront légers sur l’aile des chansons
Et nous aussi, joyeux, comme eux nous chanterons.

Et sous leurs pas craquait la neige comme verre
Et le silence ourlait le manteau de la terre.
Les taillis effilaient leurs rameaux grelottants
Où des mousses de neige avaient mis des nids blancs ;
Au ciel quelques corbeaux ramaient dans les espaces
Et jetaient en passant un cri rauque et rapace.

— C’est ici, la chapelle où il faut nous quitter,
Dit Pierre, le cœur gros et prêt à sangloter
Comme un enfant perdu dans les bois solitaires.
Ma douce aimée, adieu ! Retourne à ta chaumière
Et attends là que je revienne.
Et attends là que je revienne.— J’attendrai,
Dit-elle, j’attendrai comme les fleurs des prés
Attendent pour s’ouvrir que le printemps s’éveille
Et qu’il chante en la ruche un murmure d’abeilles.

Tandis qu’elle parlait, Pierre voyait là-bas
Le chemin familier qui allongeait le bras



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