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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/69

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S’affalait lourdement sur le bord de la route,
Et le long du talus la bonne bête broute
Silencieusement les touffes de regain.

Le Sécheret cachait sous des airs patelins
Un abîme infernal en son âme méchante.
Il ne connaissait point la bonté qui enchante
Les plaines de la vie ainsi qu’un soleil d’or.
Et son regard disait que les œuvres de mort
Hantaient son cerveau fruste et y brillaient dans l’ombre ;
Autour de lui les fleurs devenaient même sombres.

Bien que Pierre payât les soins du messager,
Celui-ci n’y prêtait qu’un souci passager ;
Ses fonctions boîtaient : les pressantes missives
S’égaraient en chemin, peu atteignaient la rive.
En outre Sécheret prenait des airs moqueurs
Aimait à répéter : Loin des yeux, loin du cœur.
Insinuait, mentait. Ses paroles perfides
Goutte à goutte filtrant rongeaient comme l’acide,
Et dans la calomnie attisaient leurs poisons.
Il préparait le jour propice aux trahisons
Où les amours de Pierre à son souffle flétries,
Il en pourrait cueillir toutes les fleurs meurtries.
Car lui, le vagabond, dans un rêve insensé,
Aimait la jeune fille ; aussi, sans se lasser
Il poursuivait son but et semait les épines
Sur la route d’amour où s’avançait Nadine.



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