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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/70

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Ce jour-là, ruminant ses audacieux projets
Il rentrait au bercail tandis que le mulet
Marchait paisiblement et, hochant de la tête,
Agitait à son cou la limpide sonnette
Cependant que grinçaient tour à tour les essieux.
En entrant au village il avait l’air joyeux
Comme s’il fût nanti de quelque riche aubaine.

— Salut, maître Piquin, souffrez-vous quelque peine,
Dit-il, que vous frôlez les amis sans les voir ?
M’est avis que votre œil caresse un doux espoir
De trouver des louis, tant votre tête est basse.

— Ne ris pas, dit le meunier, car j’ai l’âme lasse.
Depuis qu’il est parti, le fils, ça ne va plus.
Et l’on a beau se dire : Il l’a, ma foi, voulu,
On reste détraqué comme une vieille horloge
Et l’on sent quelquefois que la tête déloge…
L’as-tu vu chez son oncle ?
L’as-tu vu chez son oncle ?— Ainsi que je vous vois,
Répondit Sécheret, et, à ce que je crois
Il sera tôt guéri.
Il sera tôt guéri.— Guéri ? Est-il malade ?

— Je veux dire d’amour. N’en soyez plus maussade,
Je connais le remède, et si vous y aidez…

— Qu’est-ce, dit le meunier ? J’y suis tout décidé.



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