Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/71

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Que ferais-tu ? Voyons.
Que ferais-tu ? Voyons.— Ce n’est pas difficile ;
Il suffit que Nadine à vos plans soit docile
Et qu’elle écrive à Pierre un mot qui mette fin
À sa sotte amourette ; et dès le lendemain
Vous le verrez ici.
Vous le verrez ici.— Tu crois ? Mais parviendrai-je
À convaincre Nadine ? Il n’est si fin piège
Que l’amour ne découvre.
Que l’amour ne découvre.— Insistez, suppliez.
Repartit Sécheret ; une enfant peut plier
Devant un désespoir ; ajoutez une bourse :
Des plus profonds chagrins l’argent tarit la source.
De mon côté j’y aiderai. Comptez sur moi.

— Parfait ! fit le meunier, et si tu es adroit,
Je serai généreux pour payer tes services.

Là-dessus, Sécheret ayant cinglé les cuisses
De maître Aliboron s’en fut en sifflotant.
Bientôt il aperçut Nadine tricotant
Au seuil de sa maison, levant parfois la tête
Vers les arbres parés comme pour une fête
Et qu’un rayon d’octobre empourprait de ses feux.
Et les feuilles tombaient en pleurs silencieux
Comme des lames d’or, une à une, légères
Détachant des rameaux leur bonheur éphémère.



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