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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/73

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L’autre continua :
L’autre continua : — À vous de le punir ;
Pourriez-vous supporter qu’on ait pu vous trahir ?
Vengez-vous ! C’est chose facile et bien permise,
Oubliez, vous aussi, l’ingrat qui vous méprise !
Manquez-vous d’amoureux ? Voyez autour de vous…

Nadine se taisant, il reprit d’un ton doux :

— J’en sais un, vagabond maintenant, misérable,
Qui se lasse à la fin de vivre à la diable.
Quelle est jamais sa joie ? Il erre sans repos,
Cinglé par tous les vents ou trempé jusqu’aux os,
N’ayant pour se coucher, la nuit, dans quelque grange
Qu’une botte de foin qu’en un coin il arrange.
Ah ! si vous le vouliez !
Ah ! si vous le vouliez ! — De cela, plus un mot,
Interrompit Nadine, aussi leste qu’un flot ;
À mon premier amour mon cœur reste fidèle ;
Il y a son tombeau comme il y eut ses ailes
S’il ne m’est plus donné de croire ou d’espérer.

— Bon, ne vous fâchez pas ! S’il vous plaît d’arborer
La coiffe d’une veuve, eh bien ! c’est votre affaire… !
En voulant vous venger je croyais vous complaire ;
Le projet vous répugne ? On n’en parlera plus.

Ce disant, il alla tirer l’âne au talus



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