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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/74

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Où la bête broutait une maigre pâture,
Et tout en sifflotant regagna sa masure.

Nadine restait là. Son oreille vibrait
Encor des mots cruels où son amour sombrait
Et la nuit tournoyant descendait autour d’elle
Comme un vol d’oiseau noir et la couvrait de l’aile.




Dès l’aurore Nadine a mis ses beaux atours,
Mais ses yeux sont rougis ; les pleurs, sur le velours
De sa joue ont coulé, et leur fraîcheur se mêle
À la fraîcheur qui perle au bout des herbes grêles.
Tremblante, elle descend la route du moulin,
Comme un oiseau craintif, sous sa coiffe de lin.
Elle songe et se dit ;
Elle songe et se dit ; — Partout les feuilles pleuvent,
Et l’hiver va venir, et les vents en longs fleuves
Couleront dans les bois en profondes clameurs.
L’espérance s’effeuille à l’arbre de mon cœur,
Il va neiger sur lui ! Ah ! doux ami, je pleure
Et nul ne franchira le seuil de ma demeure
Pour consoler mes jours longs et silencieux !

Elle cherchait en vain quelque espoir dans les cieux,
Nulle voix n’y parlait. Les feuilles empourprées
Seules tombaient, glissaient, muettes, résignées,



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