Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/90

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Sois donc plus patient et quitte tes soucis !

— Être plus patient ? Je le voudrais aussi ;
Que ne puis-je espérer ! Mais pourquoi ce silence
De Nadine ? J’y vois preuve d’indifférence ;
Au reste Sécheret me l’a fait deviner.

Leur conversation les avait amenés
Parmi les moissonneurs debout sur les javelles
Et criblant de leurs faux la plaine d’étincelles
Des femmes se courbant en rythmiques efforts
Assemblaient et nouaient les gerbes au front d’or.
Sur la glèbe, plus loin, des glaneuses penchées
Recueillaient les épis comme aux champs de Judée
La Moabite Ruth. Et tous silencieux
Accomplissaient leur œuvre à l’ombre des grands cieux.
Sur le sol s’écroulaient les moissons accoudées
Et la terre montrait sa poitrine ridée,
Et les grillons chantaient.
Et les grillons chantaient.Sur la route soudain
Retentit d’un chariot le roulement voisin,
Un grelot tintait clair dans sa cage de cuivre.
Les fronts s’étant levés, on vit un mulet suivre
Un petit homme gris qui sifflait en marchant :
C’était le Sécheret et son char trébuchant.

Pierre courut à lui.
Pierre courut à lui.— Je meurs à vous attendre !
Dit-il.
Dit-il.— Bah ! oui, répondit l’autre, on ne peut rendre

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