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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/91

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Pourtant les chemins plus courts ; notre âne est têtu.
Vous ne le feriez point allonger d’un fétu
Son pas quand il lui plaît d’y aller à son aise.
Et puis, si vous saviez, la vente est bien mauvaise
Aujourd’hui. Autrefois on ramassait de l’or
Sur sa route, et les bourgs plus riches, plus accorts,
Faisaient fête partout…
Faisaient fête partout…Coupant son bavardage
Pierre lui dit :
Pierre lui dit : — L’ami, ouvre-moi ton bagage ;
Mais, avant, dis-moi donc quel vent souffle au pays ?
Et quel bonheur fleurit à l’ombre du logis
Où Nadine m’attend ?
Où Nadine m’attend ? — Pour votre demoiselle,
Répondit Sécheret, je pense bien qu’il gèle
Dans son cœur. Croyez-vous qu’elle puisse jaunir
À vous attendre en vain ?
À vous attendre en vain ? Pierre crut défaillir.
— Que dis-tu ? cria-t-il.
Que dis-tu ? cria-t-il.— Je dis que jeunes filles
Sont folles maintenant dès que l’amour frétille.
Aussi avons-nous tort de nous en tracasser.
Nos mères valaient mieux ; elles avaient assez
D’un amour pour la vie… Au reste ce message
Vous en dira plus long ; et surtout, du courage !

Pierre ouvrit la missive, et une vision
De printemps et de fleurs l’emplit de ses rayons


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