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Les fonctionnaires


Il n’y a pas au monde de classe plus diversement appréciée que celle des fonctionnaires. Ils sont soit exaltés et portés aux nues, soit décriés et voués aux gémonies, on ne tarit pas d’éloges sur leur compte ou bien on les agonit d’injures.

D’où vient cette divergence ? Probablement d’une conception chauvine de la solidarité et de l’esprit de corps chez les uns, et de l’envie et du dépit chez les autres, car ces jugements outrés excluent l’idée de sincérité et trahissent un système arrêté, un parti pris évident. Ainsi, ceux qui font partie de l’administration ou qui briguent d’y entrer ont naturellement bonne opinion des fonctionnaires ; ceux qui en sont sortis ou désespèrent d’y parvenir en disent pis que pendre.

Où est la vérité ? Comme toujours, elle réside dans le juste milieu. Autrement dit, les fonctionnaires sont en tous points semblables aux autres mortels : ce ne sont ni des saints ni des réprouvés.

Il est certain que l’orientation qu’on donne à son existence, le choix qu’on fait d’une carrière, dénotent des aptitudes ou des dispositions particulières de nos facultés. Les personnes ambitieuses, actives, débordantes d’enthousiasme et d’initiative ne songent généralement pas à devenir fonction-