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Page:Massé - Massé… doine, 1930.djvu/106

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massé… doine
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de réunion, le club où l’on échange ses impressions, où l’on reçoit les nouvelles, car la diligence y fait toujours escale. Le samedi soir et le dimanche surtout y vient un nombreux contingent des ouvriers de la scierie des Darrell, à Mawcook, à quelques milles du Coin. Hier soir, ça été un gala. Justement, la diligence de Montréal y a descendu trois ou quatre voyageurs qui ont apporté des nouvelles des troubles et le dernier numéro de la « Gazette. Il paraît que les rebelles ont été écrasés ; que le général Brown a été tué, que Saint-Charles et Saint-Denis ont été rasés, etc. Il est vrai que tous ces voyageurs sont Anglais si l’on en excepte un couple qui sont Édouard-Étienne Rodier, député de l’Assomption et Jean-Louis Beaudry, de Montréal, en voyages d’affaires dans les Cantons.

Ces deux derniers n’ont pu se défendre d’un mouvement de surprise en apercevant nos chasseurs mais Mr Roberts leur a jeté un coup d’œil d’intelligence en se grattant la narine de son index gauche. Ce manège toutefois n’a pas échappé aux compagnons de voyage de Rodier et Beaudry pour qui ils n’ont pas l’air de nourrir des sentiments bien vifs d’amitié.

Les nouvelles qu’on apporte ont jeté quelque froid sur l’assistance, mais Mr Thomas raconte si bien ses aventures de chasse en haut de Bytown et M. Saint-Georges a une si belle voix et sait tant de chansons qu’on ne s’est guère attardé à parler politique. Ce matin, à déjeûner à table d’hôte, vive altercation. Les commerçants anglais de Montréal ayant fait quelque allusion assez peu voilée sur la couardise des chefs patriotes, en y entremêlant un à-peu-près de calembour entre « rebel » et « rabble », Mr Thomas a pris la mouche et en dépit de M. Simon qui, pour le faire taire, lui écrasait les pieds sous la table, s’est mis à fustiger avec sarcasme la bureaucratie et ses parasites. Nos deux négociants montréalais se sont levés de table avec une indignation feinte, ont fait venir l’hôtelier et ont protesté avec des gestes et des éclats de voix contre les propos séditieux de ce commen-