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MES SOUVENIRS

Raphaël » fut l’amusante réponse du brillant coloriste !

Si délicieux que pût être notre séjour à Rome, il nous fallut, hélas ! quitter cette ville si chère à nos souvenirs et rentrer à Paris.

À peine étais-je de retour rue du Général-Foy, au no 46, maison que j’ai habitée pendant plus de trente ans, que je me jetai sur un poème de Jules Adenis : les Templiers.

J’en avais déjà écrit plus de deux actes et cependant je me sentais inquiet. La pièce était fort intéressante, mais elle me mettait, par ses situations historiques, dans une voie déjà parcourue par Meyerbeer.

Ce devait être également l’opinion d’Hartmann ; mon éditeur fut même si catégorique à cet égard que je déchirai en quatre morceaux les deux cents pages que je venais de lui soumettre.

Dans un trouble inexprimable, ne sachant plus où j’allais, je m’avisai d’aller voir mon collaborateur de Marie-Magdeleine, Louis Gallet, alors économe à l’hôpital Beaujon.

Je sortis de cet entretien avec le plan du Roi de Lahore. Du bûcher du dernier grand-maître des Templiers, Jacques de Molay, que j’avais abandonné, je me retrouvais dans le paradis d’Indra. C’était le septième ciel pour moi !

Charles Lamoureux, le célèbre chef d’orchestre, venait de fonder les Concerts de l’Harmonie sacrée dans le local du Cirque des Champs-Élysées, aujourd’hui disparu. (Quel malin plaisir prend-on à faire d’un superbe théâtre la succursale de la Banque, et d’une salle excellente pour de grands concerts une pelouse dans les Champs-Élysées !)