Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
MES SOUVENIRS

de persécuter Hartmann de mes agitations, de lui en faire la confession.

Je ne le trouvai pas chez lui. Pour occuper mon temps, j’allai flâner au Conservatoire. Un concours de violon y avait lieu. Quand j’arrivai, on était aux dix minutes de repos. J’en profitai pour aller saluer mon maître, Ambroise Thomas, dans le grand salon qui précédait la loge du jury.

Puisque cet endroit, jadis si délicieusement animé, est aujourd’hui désert et qu’on l’a abandonné pour une autre enceinte, je rappelle, à votre intention, mes chers enfants, ce qu’était alors ce séjour où je devais grandir et vivre ensuite pendant bien des années.

On arrivait au salon, dont je parle, par un grand escalier prenant accès dans un vestibule à colonnades. Parvenu au palier, on voyait deux tableaux de vastes dimensions, dus à des peintres du premier Empire.

La porte de face ouvrait sur une salle qu’ornait une grande cheminée et qu’éclairait un plafond à vitrages dans le goût des temples antiques.

L’ameublement était dans le style de Napoléon Ier

Une porte s’ouvrait sur la loge du directeur du Conservatoire, assez vaste celle-ci pour contenir une dizaine de personnes, les unes assises au bord d’une table à tapis vert ; les autres, soit assises, soit debout, à des tables séparées.

La décoration de la grande salle du Conservatoire, où se donnaient les concours, était en style pompéien, s’harmonisant avec le caractère du salon dont je vous ai parlé.

Ambroise Thomas était accoudé à la cheminée. En