ayant une audience de M. Vaucorbeil, alors directeur de l’Académie nationale de musique. Voici l’entretien que j’eus l’honneur d’avoir avec lui.
— Mon cher directeur, puisque l’Opéra a été un peu ma maison avec le Roi de Lahore, me permettez-vous de vous parler d’un nouvel ouvrage Hérodiade ?
— Quel est votre poète ?
— Paul Milliet, un homme de beaucoup de talent que j’aime infiniment.
— Moi aussi, je l’aime infiniment : mais… il vous faudrait avec lui… (cherchant le mot)… un carcassier.
— Un carcassier ! … répliquai-je, bondissant de stupeur ; un carcassier ! … Mais quel est cet animal ?…
— Un carcassier, ajouta sentencieusement l’éminent directeur, un carcassier est celui qui sait établir, de solide façon, la carcasse d’une pièce et j’ajoute que vous-même, vous n’êtes pas assez carcassier, selon la signification exacte du mot : apportez-moi un autre ouvrage et le théâtre national de l’Opéra vous est ouvert.
… J’avais compris : l’Opéra m’était fermé ; et, quelques jours après cette pénible séance, j’appris que, depuis longtemps déjà, les décors du Roi de Lahore avaient été rigoureusement remisés au dépôt de la rue Richer, — ce qui signifiait l’abandon final.
Un jour du même été, je me promenais sur le boulevard des Capucines, non loin de la rue Daunou ; mon éditeur Georges Hartmann habitait un rez-de-chaussée, au fond de la cour, du numéro 20 de cette