Les choses en restèrent là, sur de vagues promesses formulées de part et d’autre.
Pendant que s’échangeait ce dialogue, j’avais remarqué que l’excellent marquis de La Valette était très occupé d’un joli chapeau gris tout fleuri de roses, qui, sans cesse, passait et repassait au foyer du théâtre.
À un moment, je vis ce joli chapeau se diriger vers moi.
— Un débutant ne reconnaît donc plus une débutante ?
— Heilbronn ! m’écriai-je.
— Elle-même !…
Heilbronn venait de me rappeler la dédicace écrite sur le premier ouvrage que j’avais fait, et dans lequel elle avait paru pour la première fois sur la scène.
— Chantez-vous encore ?
— Non ! Je suis riche, et pourtant, vous le dirai-je ? le théâtre me manque ; j’en suis hantée. Ah ! si je trouvais un beau rôle !
— J’en ai un : Manon !
— Manon Lescaut ?
— Non : Manon… Cela dit tout :
— Puis-je entendre la musique ?
— Quand vous voudrez.
— Ce soir ?
— Impossible ! Il est près de minuit…
— Comment ? Je ne puis attendre jusqu’à demain. Je sens qu’il y a là quelque chose. Cherchez la partition. Vous me trouverez dans mon appartement (l’artiste habitait alors aux Champs-Elysées), le piano sera ouvert, le lustre allumé…