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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/164

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MES SOUVENIRS

puritain, nous ne dépassâmes jamais les bornes de la facétie ou de la jovialité permises.

Ce voyage de quinze jours se continua fertile en incidents inénarrables et dont la drôlerie le disputait au burlesque.

Chaque soir, après les réceptions enthousiastes et chaleureuses faites par la jeunesse hongroise, celui qui était notre chef vénéré, Ferdinand de Lesseps, appelé dans tous les discours hongrois : le Grand Français, Ferdinand de Lesseps nous quittait en fixant l’ordre des réceptions du lendemain, et, en finissant de nous indiquer le programme, il ajoutait : Demain matin, à quatre heures, en habit noir, et le premier levé, habillé et à cheval, le lendemain, était le « Grand Français ». Comme nous le félicitions de son extraordinaire allure, si juvénile, il s’en excusait par ces mots : Il faut bien que jeunesse se passe ! »

Au cours des fêtes et des réjouissances de toute nature, données en notre honneur, on organisa, en spectacle de gala, une grande représentation, au théâtre royal, de Budapest. Delibes et moi fûmes invités à diriger, chacun, un acte de nos ouvrages.

Quand j’arrivai dans l’orchestre des musiciens, au milieu des hourras de toute la salle qui, en Hongrie, se traduisent par le cri : Elyen !!! je trouvai au pupitre la partition... du premier acte de Coppélia alors que je comptais avoir devant moi le troisième acte (d’Hérodiade que je devais conduire. Ma foi, tant pis ! Il n’y avait pas à hésiter et je battis la mesure, de mémoire.

L’aventure, cependant, se compliqua.

Lorsque Delibes, reçu avec les mêmes honneurs,