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MES SOUVENIRS
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Mme  Ambroise Thomas, et je vous dis au revoir, cher ami, en vous serrant bien fort la main.

« De tout cœur à vous.

« Ambroise Thomas. »

Oui, comme le disait mon maître, je travaillais avec plaisir.

Mlle  Sibyl Sanderson, sa mère et ses trois sœurs habitaient aussi le Grand-Hôtel de Vevey, et chaque soir, de cinq à sept heures, je faisais travailler à notre Esclarmonde future la scène que j’avais écrite dans la journée.

N’attendant pas que mon esprit soit en friche après Esclarmonde, et connaissant mes sentiments attristés au sujet de Werther, que je persistais à ne pas vouloir donner au théâtre (aucune direction, d’ailleurs, ne faisait d’avances pour cet ouvrage), mon éditeur s’en était ouvert à Jean Richepin, et ils avaient décidé de m’offrir un grand sujet pour l’Opéra sur l’histoire de Zarastra, titre : le Mage.

Au cours de l’été 1889, je mettais déjà sur pied quelques scènes de l’ouvrage.

Mon excellent ami, l’érudit historiographe Charles Malherbe, qui nous a dit si malheureusement son suprême adieu, ces temps derniers, était au courant des moments très rares qui restaient inutilisés par moi. Je trouvai en lui un véritable collaborateur dans cette circonstance. Il choisit, en effet, dans mes papiers épars, une série de manuscrits qu’il m’indiqua pour m’en servir dans différents actes du Mage.

P. Gailhard, notre directeur de l’Opéra, fut, comme toujours, le plus dévoué des amis. Il monta l’ouvrage