très poétique de Manon morte depuis longtemps.
Entre temps j’étais retourné à Bayreuth. J’étais allé y applaudir les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Depuis bien des années Richard Wagner n’était plus là, mais son âme titanique présidait à toutes ses représentations. Je me souvenais, tout en me promenant dans les jardins qui entourent le théâtre de Bayreuth, que je l’avais connu en 1861. J’avais habité pendant dix jours une petite chambre voisine de la sienne, dans le château de Plessis-Trévise, appartenant au célèbre ténor Gustave Roger. Roger connaissait l’allemand et il s’était proposé pour faire la traduction française du Tannhœuser. Richard Wagner était donc venu s’installer chez lui pour mettre les paroles françaises bien d’accord avec la musique.
Je me souviens encore de son interprétation
énergique quand il jouait au piano les fragments de ce
chef-d’œuvre, si maladroitement méconnu alors et
depuis tant admiré du monde entier.