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MES SOUVENIRS

au bois de Boulogne promenant ses propriétaires. La malignité publique avait trouvé ceux-ci à ce point ridicules, qu’elle leur avait donné des noms que, par décorum, on me permettra de taire. Je dirai seulement qu’ils avaient été empruntés au vocabulaire zoologique.

Jamais les rues de cette petite ville, si paisible et si calme, ne retentirent de semblables éclats de rire. Ceux-ci ne cessèrent qu’à l’arrivée à la gare, et encore !… Je ne jurerais pas qu’ils ne se soient quelque peu prolongés !

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Carvalho décida de donner la Navarraise à Paris, à l ’Opéra-Comique, et l’ouvrage passa au mois de mai 1895.

J’allai terminer Cendrillon à Nice, à l’hôtel de Suède. Nous y fûmes absolument gâtés par nos hôtes, M. et Mme Roubion, qui furent charmants pour nous.

Installé à Nice, je m’en étais échappé pendant une dizaine de jours, pour aller à Milan, y donner des indications à mes artistes de l’admirable théâtre de la Scala, qui répétaient la Navarraise. La protagoniste était l’artiste connue et aimée de toute l’Italie, Lison Frandin.

Comme je savais Verdi à Gênes, je profitai de mon passage par cette ville, sur la route de Milan, pour lui aller rendre visite.

En arrivant au premier étage de l’antique palais des Doria, où il habitait, je pus déchiffrer, dans un couloir sombre, sur une carte clouée à une porte, ce nom qui rayonne de tant de souvenirs d’enthousiasme et de gloire : Verdi.