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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/227

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MES SOUVENIRS
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avait dû suspendre le cours de ses représentations.

Quelles fantaisies ne pardonnerait-on pas à une telle artiste ?

Je sus que, le surlendemain, tout était rentré dans l’ordre, à Paris, au théâtre. Que n’étais-je là pour embrasser notre adorable fugitive !

Deux semaines après, étant à Nice, les journaux m’apprirent qu’Albert Carré était nommé directeur de l’Opéra-Comique. Le théâtre avait été, jusqu’alors, géré provisoirement par l’administration des Beaux-Arts.

Qui m’aurait dit, alors, que ce serait notre nouveau directeur qui, plus tard, reprendrait Sapho, avec la si belle artiste qui devint sa femme ?

Oui, ce fut elle qui incarna la Sapho de Daudet, avec une rare séduction d’interprétation.

Le ténor Salignac eut beaucoup de succès dans le rôle de Jean Gaussin.

Au sujet de cette reprise, Albert Carré me demanda d’intercaler un nouvel acte, celui des lettres, et son idée fut suivie par moi avec enthousiasme.

Sapho fut aussi chantée par la très personnelle artiste Mme Georgette Leblanc, devenue l’épouse du grand homme de lettres Maeterlinck.

Mme Bréjean-Silver fit aussi, de ce rôle, une figure étonnante de vérité.

Que d’autres excellentes artistes ont chanté cet ouvrage !

Le premier opéra représenté sous la nouvelle direction, fut l’Île du Rêve, de Reynaldo Hahn. Il m’avait dédié cette partition exquise. Que la musique écrite par ce véritable maître est pénétrante ! Comme elle a