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MES SOUVENIRS
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nier beau succès. Diable !… Mais !… vous marchez d’un tel pas, qu’on a peine à vous suivre. »

Ainsi que je l’ai dit, la partition de Cendrillon, écrite sur l’une des perles les plus brillantes de cet écrin : « les Contes de Perrault », était depuis longtemps terminée. Elle avait cédé la place à Sapho, sur la scène de l’Opéra-Comique. Notre nouveau directeur, Albert Carré, m’annonça son intention de donner Cendrillon, à la saison la plus prochaine, dont plus de seize mois nous séparaient encore.

J’habitais Aix-les-Bains, en souvenir de mon vénéré père qui y avait vécu, et j’y étais tout à mon travail de la Terre promise, dont la Bible m’avait fourni le poème et dont j’avais tiré un oratorio en trois parties, lorsque ma femme et moi, nous fûmes bouleversés par la terrifiante nouvelle de l’incendie du Bazar de la Charité. Ma chère fille y était vendeuse !…

Il fallut attendre jusqu’au soir pour avoir une dépêche et sortir de nos vives alarmes.

Coïncidence curieuse et que je ne connus que longtemps après, c’est que l’héroïne de Perséphone et de Thérèse, celle qui fut aussi la belle « Dulcinée », se trouvait également parmi les demoiselles vendeuses, au comptoir de la duchesse d’Alençon. Elle n’avait alors que douze ou treize ans. Au milieu de l’épouvante générale, elle découvrit une issue, derrière l’hôtel du Palais, et put ainsi sauver sa mère et quatre personnes.

Voilà qui témoigne d’une décision et d’un courage bien rares chez un enfant.

Puisque j’ai parlé de la Terre promise, j’en eus une audition bien inattendue. Eugène d’Harcourt, le musi-