Ce fut, en vérité, une interprétation délicieuse. La soirée se prolongea, grâce aux acclamations et aux bis constants dont on fêta les artistes ; les spectateurs les tinrent littéralement dans une atmosphère du plus délirant enthousiasme.
Le séjour au palais fut pour nous une suite d’indicibles enchantements que nous devions, d’ailleurs, voir se renouveler, par la suite, quand nous nous retrouvâmes les hôtes de ce prince de la science, à l’âme si haute et si belle.
Henri Cain, qui, pour Chérubin, avait été mon collaborateur avec Francis de Croisset, m’avait amusé, entre temps, en me faisant écrire la musique d’un joli et pittoresque ballet en un acte : Cigale.
L’Opéra-Comique le donna le 4 février 1904. La ravissante et talentueuse Mlle Chasle fut notre Cigale, et Messmaecker, de l’Opéra-Comique, mima en travesti, d’une façon désopilante, le rôle de Mme Fourmi, rentière !
De ceux qui assistèrent aux répétitions de Cigale, je fus, certes, celui qui s’y divertit le plus. Il y avait, à la fin, une scène fort attendrissante et d’une poésie exquise : celle d’une apparition d’ange, avec une voix d’ange qui chantait au loin. La voix d’ange était celle de Mlle Guiraudon, devenue Mme Henri Cain.
Un an après, ainsi que je l’ai dit, le 14 février 1905, Chérubin fut représenté à l’Opéra princier de Monte-Carlo, et, le 23 mai suivant, l’on clôtura avec lui la saison de l’Opéra-Comique, à Paris. En paraissant à ce dernier théâtre, la distribution n’avait été modifiée que pour le rôle du philosophe, qui, passante Lucien Fugère, y venait ajouter un nouveau succès à tant