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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/246

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MES SOUVENIRS

d’autres déjà obtenus par cet artiste, et pour celui de l’Ensoleillad, qui fut confié à la charmante Mme Vallandri.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vous m’observerez peut-être, mes chers enfants, que je ne vous ai rien dit encore d’Ariane, dont vous avez vu les pages à Égreville, pendant plusieurs étés. La raison en est que je ne parle jamais d’un ouvrage que lorsqu’il est terminé et gravé. Je n’ai rien dit d’Ariane, pas davantage que de Roma, dont j’avais écrit les premières scènes en 1902, enthousiasmé que j’étais par la tragédie sublime, la Rome vaincue, d’Alexandre Parodi.

À l’heure où je trace ces lignes, les cinq actes de Roma sont en répétitions, pour Monte-Carlo et pour l’Opéra, mais, silence ! j’en dis déjà trop… À plus tard !…

Je reprends donc le courant de ma vie.

Ariane ! Ariane ! l’ouvrage qui m’a fait vivre dans des sphères si élevées ! En pouvait-il être autrement avec la fière collaboration de Catulle Mendès, le poète des aspirations et des rêves éthérés ?

Ce fut un jour mémorable dans ma vie que celui où mon ami Heugel m’annonça que Catulle Mendès était prêt à me lire le poème d’Ariane.

Depuis très longtemps germait en moi le désir de pleurer les larmes d’Ariane. Je vibrais donc de toutes les forces de mon cœur et de ma pensée avant de connaître le premier mot de la première scène !

Rendez-vous fut pris pour cette lecture. Elle eut lieu chez Catulle Mendès, 6, rue Boccador, dans le logis si personnellement artistique de ce grand lettré