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MES SOUVENIRS

le bel appartement, si richement décoré de tableaux anciens et d’œuvre d’art, que Raoul Gunsbourg possède rue de Rivoli. Nous étions au premier jour de l’an ; nous le fêtâmes en travaillant dans le salon, de huit heures du soir à minuit.

Au dehors, il faisait un froid très vif, mais un superbe feu nous le laissait ignorer ; et ce fut dans cette douce et toute exquise atmosphère qu’on but le Champagne à la réalisation prochaine de nos communes espérances.

Étaient-elles assez émouvantes, ces répétitions, qui réunissaient ces trois beaux artistes : Lucy Arbell, Edmond Clément et Dufranne !

Le mois suivant, le 7 février 1907, eut lieu la première de Thérèse, à l’Opéra de Monte-Carlo.

Ma chère femme et moi, nous étions, cette année encore, les hôtes du prince, dans ce magnifique palais pour lequel je vous ai déjà dit toute mon admiration.

Son Altesse nous avait invités dans la loge princière, la même loge où j’avais été appelé, à la fin de la première du Jongleur de Notre-Dame, et dans laquelle, en vue du public, le prince de Monaco m’avait placé lui-même, sur la poitrine, le grand cordon de son ordre de Saint-Charles.

Aller au théâtre, c’est bien ; autre chose, cependant, est d’assister à la représentation et d’écouter ! Je repris donc, le soir de Thérèse, ma place accoutumée dans le salon du prince. Des tentures et des portes le séparaient de la loge. J’y étais seul, dans le silence, du moins je le pouvais supposer.

Le silence ? Parlons-en ! Le vacarme des acclamations qui saluaient nos trois artistes fut à ce point for-