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MES SOUVENIRS

la Belle Dulcinée au Théâtre-Lyrique de la Gaîté.

Mais fut-il jamais un bonheur sans mélange ?

Cette amère et mélancolique réflexion, je ne la fais certainement pas pour ce qui concerne l’éclatant succès de nos artistes et de la mise en scène des frères Isola, si bien secondés par le régisseur général Labis.

Mais jugez-en plutôt. La répétition dut être ajournée à trois semaines par les maladies graves et successives de nos trois artistes. Chose curieuse cependant et vraiment digne d’admiration, nos trois interprètes furent guéris presque en même temps, et ils quittèrent leurs chambres, témoins de leurs souffrances, le matin même du jour où eut lieu la répétition générale. Vivent les beaux et bons artistes !

Les acclamations frénétiques du public devaient être pour eux une douce et tout exquise récompense, quand elles éclatèrent, le 28 décembre 1910, pendant cette répétition générale qui dura de une heure à cinq heures du soir.

Mon premier jour de l’an fut bien fêté, lui aussi. J’étais très souffrant ce jour-là et ce fut dans mon lit de douleur qu’on m’apporta les cartes de visite de mes fidèles élèves, les pneumatiques des amis, heureux du succès, les belles fleurs envoyés à ma femme, et une délicieuse statuette en bronze, souvenir de Raoul Gunsbourg, qui me rappelait ainsi tout ce que je lui devais pour Don Quichotte à Monte-Carlo, pour les premières et pour la reprise faite à ce même théâtre.

Je sais que la saison 1912 débutera par une reprise nouvelle de cet ouvrage pendant les répétitions de Roma, en février prochain.